La gaillardE est en vacances pour l'été ! De retour cet automne !

 

 

PERSONNE
N'EN
PARLE

par la gaillardE
concierge

 

 

 

 

 

Les chroniques d'humeurs culturelles de la gaillardE furent publiées de 1997 à 2006 dans le journal Accès Laurentides.

 

Elle est de retour
chez Marthi mag.

ART ET ÉCONOMIE

BIÈRE TREMBLAY

 

 


Je n'ai plus de voiture. Depuis que je suis en ville, je me rends bien compte que ça ne sert qu'à renflouer les coffres du corps policier en tickets de stationnement, à gonfler les revenus scandaleux des pétrolières et à gaspiller mes matins de semaine parce qu'à partir de 7 heures on n'a pas le droit de ce côté à cause qu'on va «peut-être» passer le balai, à cause qu'on va «sans doute» passer la déneigeuse ou à cause carrément juste pour être la première personne à vous emmerder aujourd'hui. 


Et encore... Ça c'est si on a une vignette. Parce que si on n'a pas de foutue vignette on ne peut pas non plus se garer de l'autre côté entre ici et là, là et là-bas et ah! j'oubliais, on ne peut pas ici non plus et euh... Non, surtout pas là, parce que c'est remorquage garanti.


Bref, on ne peut se stationner nulle part, alors on tourne en rond jusqu'à ce que les heures de suspense soient passées et alors on commence la journée déjà épuisés.

 

Ou bien sinon on choisit de se payer le luxe d'un parcomètre mais alors maintenant, on s'oblige à demeurer aux aguets, le radar accroché au temps qui s'écoule parce que cinq minutes de retard, c'est quarante douilles dans le compte du maire Tremblay et ça madame, c'est pas de la p'tite bière.

 

Anyways. L a voiture et la ville c'est juste... pas possible comme alliance.


Je m'en remets donque désormais aux transports en commun, au vélo et, quand j'suis à la bourre et que j'ai du fric, (yééé), aux taxis.


La semaine dernière, je devais prendre la bus à 8h30 au terminus pour monter dans le Nord chez des amis et à 8h10 j'étais toujours au lit. À 8h14, encore tout croche de «patencore réveillée», je hélais une voiture sur Saint-Viateur.

 

Quelle ne fut pas ma surprise.

 

Le chauffeur était haïtien.

 

- Terminus d'autobus, vous faites ça en combien de temps?

- 10 minutes
- Super.


À la radio, une émission FUBU s'adressait aux principaux intéressés: «Peuple de Haïti, nous allons nous reprendre! Ne perdons pas espoir! Nous devons travailler à rebâtir notre confiance. Nous devons redécouvir nos valeurs les plus nobles et les partager avec nos nouveaux voisins...»


- Vous êtes à Montréal depuis longtemps? que je demande au chauffeur.

- Depuis quinze ans...

- Vous vous adaptez bien?

- Pas mal... C'est pas facile, avec tout ce qui se passe en ce moment.

- Ah? Moi je trouve que ça va super bien entre les noirs et les blancs.

- ? Ah bon, vous trouvez, vous.

- Bah oui... Mais sauf que moi je suis toujours entourée d'artistes. Entre eux, les noirs et les blancs, ça se passe mollo, c'est cool.

- C'est pourtant pas général.

- Le truc, c'est que les bonnes choses, personne n'en parle.

- ... Ce n'est effectivement peut-être pas très «à la mode».


Je me suis figurée un instant comment on pouvait faire la nouvelle sensationnelle avec juste des artistes en tant que sujets. J'ai abandonné au bout de trois grands titres : «Un homme de race noire a fait l'amour avec une femme de race blanche hier soir». Non. «Cinq noirs et un blanc ont donné un concert hallucinant la semaine dernière». Bof... «Des blacks et des pâles prennent peut-être des cafés ensemble en rigolant chaque matin au coin de chez vous ».

 

Oui... «Soyez vigilents».

 

:)

 

J'suis arrivée à temps pour l'autobus, j'ai même acheté un p'tit café.

 

 

 

 

 

Y'en a
pour tous
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