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Il m'a été demandé l’été dernier pourquoi j’ai pas inclus la plage Longueuil dans ma liste des plus belles plages de la Montérégie. Bien sûr que je suis au courant qu’on a ouvert une plage à Longueuil. Mais comme moi, perso, je ne me baignerais pas dans l’eau du Fleuve Saint-Laurent, surtout après les derniers déversements qu’y a effectués monsieur Coderre (ça va pas non?!?), je n’inviterai certes pas mes concitoyens à le faire, même en burkini. Parlant de burkini… Pas que ça me dérange qu’on porte des signes religieux, mais encore faudrait-il qu’ils soient conséquents. Je suis une cartésienne. Une analytique.
Cela dit, je n’approuve certes pas non plus les femmes qui portent le string en public, quelle horreur! Y faut chaud les filles… mais quand même pas à ce point-là!
Un peu d’équilibre, joualvert, ça serait-tu possible?
Récemment, j’ai fait une recherche Google sur nos montagnes montérégiennes. J’avais besoin de photos et, en français, je dois dire que… c’est quand même pas facile à trouver. Ce n’est que lorsque j’ai fait la même recherche en anglais que j’ai découvert à quel point elles sont impressionnantes, nos curieuses montages, dans l’oeil des touristes.
Et nous? Ben nous… j’veux dire… Nous… c’est comme… on s’en fout-tu, nous-autres, de ces buttes trop weird qui ont poussé là mystérieusement au beau milieu de la plaine, sans raison apparente? :) Nul n’est prophète en son pays… Et s’il y a bien un endroit où on a longtemps jugé que rien n’était digne de prophétie, c’est bien en Montérégie! Et pourtant ces vergers, ces terres agricoles, qu’on ne perd de vue qu’aux pieds des Mont Saint-Hilaire, Mont Saint-Grégoire, Saint-Bruno, Yamaska… Ces champs généreux, labourés par des gens si souriants, chaleureux et accueillants: toutes ces années, ils étaient tous là! Sous nos yeux! Au Grand Royaume des aveugles! Et toutes ces années ces jeunes citadins qui pensaient que le lait, ça venait du dépanneur… Tsss...
Alors… Maintenant qu’on veille, dans les écoles comme dans les chaumières, à faire en sorte que nos jeunes réalisent l’importance de consommer des produits frais et locaux, depuis qu’on réalise combien nos terres agricoles sont précieuses, combien l’agriculture et les agriculteurs sont des trésors nationaux, combien la nature, si forte soit-elle, est pourtant si fragile sous les assauts répétés de la «modernité»… Maintenant qu’on sait combien un retour en-arrière est nécessaire pour mieux centrer nos énergies et les mettre en accord avec des valeurs écoresponsables, la Montérégie et ses paysans, ils la trouvent maintenant, cette reconnaissance, auprès des régions dites plus… développées! Vrai qu'on n'est pas «sur l'Ile»... Aujourd’hui donc, la Montérégie, c’est «In», même dans l’oeil du Montréalais moyen. Qui l’eut cru? Comme quoi faut jamais, jamais abandonner! Vous vous appelez Denise ou Roger? Vous en faites pas, ça reviendra à la mode!
C’est votre humble «serviteuse» qui en a même fait ses frais, puisque depuis juillet, l’achalandage sur ce webzine est passé à plus de 6000 visiteurs par mois. Je suis, je dois dire, on-ne-peut-plus satisfaite. C’est donc en misant sur nos plus belles valeurs: agriculture, alimentation, espaces verts, pistes cyclables, nature et cours d’eau, que Tourisme Montérégie a vu juste lorsqu’elle a annoncé ses plans en juin dernier. Maintenant faudrait juste mettre au courant Caroline Saint-Hilaire (qu'on pourrait très bien appeler Lindâ) et le lui dire enfin, que la destruction des espaces naturels et que la coupe d’arbres matures, c’est comme la coupe Longueuil: c’est pas moderne du tout, du tout.Comme j’habite à un coin de rue d’école, y’a pas si longtemps, c’est vrai que l’été, tout était quand même assez serein ici… Moi… comme j’ai souvent 107 ans, c’est ce que j’aime. Alors j’étais contente d’être revenue au bercail, dans cette vie qui s’écoulait jusque là comme un long fleuve tranquille. Aujourd’hui, développement obligeant, le sous-bois a été vendu, les érables à sucre abattus, une maison full tendance y a été déposée et on a installé des paniers de basketball dans la cour d’école pour en faire un parc, ce qui attire, bien évidemment, tous les jeunes branleurs des environs. À Greenfield Park, flâner dans les parcs, il semblerait que c’est largement toléré. Jour et nuit. Résultat depuis? Grenouilles, geais bleus, marmottes et cardinaux se sont royalement barrés -vers des jours meilleurs je présume- avec mes vieux voisins retraités et mes vieilles veuves anglaises. À Longueuil, vaste Royaume où la Reine est borgne, c’est tout à fait normal qu’Elle ne voit pas Saint-Hubert, Saint-Lambert ou Greenfield Park! À Longueuil, on s’en fout de ces vieux réglements, mis sur pied avant les fusions! La Reine est «Moderne». C’est ainsi que, sur papier, bien qu’il soit interdit à Greenfield Park de trucider un arbre mature à moins qu’il fut mort ou gravement malade, Longueuil a récemment accordé un permis à un promoteur immobilier pour en abattre toute une trallée rue King-Edward. (source: LE COURRIER DU SUD / août 2016) Pour y construire des maisons en bâtons de popsicule je suppose… Greenfield Park? Plus si «green» finalement. Mais à coup sûr, grâce à Longueuil, on y est de plus en plus dans l'champ.
Mais… Mais, au loin et pour l’instant, à Greenfield Park quand tout est calme enfin, j’entends toujours mon picbois. Qui travaille tous les jours à gagner sa croûte avec frénésie. Je sens toujours l’approche de ma moufette. Qui a son chemin dans mon jardin de mousses depuis que je suis ici. Il y a toujours, du matin au soir mes cigales, et du soir au matin mes grillons, qui chantent à s’époumoner durant toute la belle saison. Je me dis alors que tout n’est pas perdu pour ceux qui vont acheter cette vieille maison centenaire, que j’ai aimée à chaque instant de ces sept dernières années, envers et contre tout. C’est mon beau grand jardin qui va certes me manquer… Des décennies durant, à force de coupe Longueuil, de Mme Brossard ou d’Elvis Gratton, la Rive-Sud n’a eu que trop mauvaise presse. Moi, la belle première, qui ai quitté ce super patelin de cow-boys et de fermières pour vivre dans les très chiques Laurentides, où j’ai pratiqué mon slalom religieusement afin de passer inaperçue parmi la faune du Mont Saint-Sauveur, j’ai longtemps gardées secrètes mes origines rivesudoises, qu’on ne considérait alors que limite arriérées. Lorsque je suis revenue ici il y a sept ans, j’ai carrément redécouvert toutes les formidables richesses qu’offrait mon patelin natal. Même que jusqu’à tout récemment, j’étais chaque jour flabergastée de voir combien on pouvait, si près de la grand’ville, se sentir tant en pleine campagne, d’où la naissance de ce projet de webzine. Aujourd’hui, en toute simplicité et tout naturellement, c’est la Montérégie au complet qui nous redonne notre fierté. Parce que dans «modernité», je peux pas m’empêcher de voir le mot «mode». Un concept qui se démode toujours trop vite. Bien sûr, je suis heureuse de constater que ma région a désormais la cote, et je suis emballée de voir que les gens s’intéressent à nos valeurs et à notre terroir.
Depuis quelques années, le boulevard Taschereau se refait une beauté. Des arbres y ont été plantés et on peut désormais le prendre à pied ou à vélo. Les commerces qui le bordent sont toujours un peu quétaines, mais bon. C'est un Taschereau qui change et qui évolue, pour s’adapter à de nouvelles vies. «Avec le temps tout s’en va», qu’y chantait Ferré... Même sa chanson, dont en voici une «moderne» -mais ô combien délicieuse- version :)
Fermeture du Motel L’oiseau Bleu: 2015 À quand le tour des cantines Ben la Bedaine, Chez Monique ou Canada Drive-In?
De nos célèbres salons de Quilles? Des motels La Siesta, Oscar, Champlain, Falcon?
Les modes vont et viennent. Néanmoins, j’suis tout de même contente d’avoir vécu les derniers jours de notre légendaire ringardise. Parce que tous ces trésors, ces sept dernières années, je ne les partageais avec personne, sauf avec mes vieux voisins retraités, mes vieilles veuves anglaises… et avec vous :) Comme je serai moi-même bientôt, en quelque sorte, à la retraite… moi aussi je vais m’effacer et céder ma place à de nouvelles familles, qui viendront insuffler une nouvelle vie à mon vieux quartier ankylosé. À nos marchés en plein air, à nos fermes, fermiers et cow-girls, à nos terres agricoles, nos producteurs de terroir, nos inventeurs de délices et nos artisans… À nos cantines, baraques à patates et motels à siestes: merci de faire rouler notre économie, merci de faire notre fierté! Longue vie, santé, prospérité à mes gens, mes voisins, mes concitoyens! Grâce à vous, c’est à perpétuité que je garderai des souvenirs impérissables de mon formidable berceau montérégien! Sur ce l’automne frappe à nos portes, c’est le temps de faire un dernier tour du jardin avant que tout ne disparaisse sous la neige et qu’on parte se chauffer l'cul dans l’sud, comme tout bon Bob Gratton digne de ce nom.
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