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| archives | : : | Page couverture | :: MONTRÉAL : : ROUYN-NORANDA : : NATASHQUAN : : TORONTO : : NEW-YORK : : | VOL II #3 : : mars-avril 2008 | |
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BAH, OUI. J'AI ESSAYÉ! J'AI SAUTÉ. UN PETIT CADEAU VRAIMENT SWELL DE MES ANCIENNES BOSS QUI ME RESTE ENCORE EN MÉMOIRE ET QUI ME PROFITE POUR VOUS PARLER DE L'ÉCOLE DE PARACHUTISME ADRÉNALINE, À SAINT-JÉRÔME :) ILS FIGURENT SUR PLANÈTE MONTRÉAL, DANS LA SECTION 117. VOUS VOULEZ VOIR ? >> |
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Sauter en parachute. Pour certains, c'est le summum de l'accomplissement personnel. Un grand moment, une expérience inoubliable. Pour d'autres, comme les mecs qui travaillent à l'école de parachutisme Adrénaline, s'envoyer en l'air à 12 000 pieds d'altitude, c'est la routine... «Business as usual», finalement :) Au Québec, deux options s'offrent au premier sauteur : le saut en tandem et le saut en parachute DAI (Déploiement Assisté par Instructeur).
Nous voici donc, une heure avant le grand saut. On fera ça en tandem. Pour une première, c'est bien assez d'émotions! Dans peu de temps, je serai donc entre ciel et terre, en chute libre, à espérer, ultimement, que ce parachute nous fera pas faux bond. Désormais, ma vie tient donc à cette voilure que mon instructeur est en train de plier soigneusement et que j'espère bien manufacturée! Collée à Jean-Nicolas, qui compte 3300 sauts à son actif et qui affiche une confiance et un enthousiasme sans prix, je me répète sans arrêt que «ça devrait bien aller». Manifestement, les instructeurs sont conscients des craintes, du stress et des appréhensions qui nous prend d'assaut avant l'heure H où on se jettera dans le vide. Durant la demi-heure de cours qui précède l'événement, le ton est au badinage et l'ambiance est à la joie. Entre deux blagues, toutefois, on s'assure que les instructions sont claires et que le message est passé. Quand la porte de l'avion s'ouvrira, surtout, ne pas oublier de poser le pied gauche sur le marchepied situé sous l'aile, de bien garder les bras à l'intérieur, de relever la tête, de faire un beau sourire à la caméra et de se coller les pieds sur les fesses de l'instructeur en sautant. Ça, ça va être facile à retenir! Et après? Après, je sais pas encore... l'azur, que je vais bientôt rencontrer.
Ah. C'est à mon tour. «Excusez-me», mon avion m'attend.
C'est un très petit avion dans lequel on est assis par terre. Nous sommes six à bord, moi, deux instructeurs (un qui sautera avec moi et un autre qui filmera mon saut), un mec qui va sauter pour une enième fois à 4000 pieds, le pilote et le co-pilote qui continuent leurs petites blagues qui font marrer tout le monde sauf moi qui me tais parce que je suis tétanisée. Je revois mon plan de match, je repense à toutes les instructions qu'on m'a données avant de partir. On se moque de moi. Apparemment, j'ai l'air de quelqu'un qui passe à la confesse! On me rassure en me disant que c'est bien moins pire de sauter en parachute que de consulter le curé... L'image me fait finalement sourire. Un sourire plutôt timide, toutefois : en dedans, l'adrénaline fait tilter ma machine et bientôt je n'entends plus rien. Rien d'autre que le moteur de l'avion et des battements de mon coeur qui voudrait bien se sauver pendant qu'il est encore temps. Je suis terrorisée à l'idée de ce que je m'apprête à faire. Effrayée, mais très excitée en même temps... Dans vingt minutes, je l'aurai fait au moins une fois. J'aurai vu, senti, entendu. Je saurai ce que c'est que ces conneries et ... et aussi, j'essaie de faire taire cette petite voix qui tente de me rappeler que «c'est la curiosité qui a tué le chat». Quatre mille pieds. La porte s'ouvre et l'un de nos passagers lance un grand cri de joie en se jetant dans le ciel. Je me risque à me pencher un peu pour suivre sa descente. Après quelques pirouettes aériennes qui me ravissent, je le perd de vue et réalise la distance qui me sépare du plancher des vaches. Dans mon cerveau, ça fait trois tours. Je lance un regard à l'entraîneur en face de moi, hébétée. Tout ce que j'arrive à dire c'est un banal : «C'est haut». L'instructeur éclate de rire. Un grand rire sadique avant de me lancer «Ouais!!! Et toi tu t'en vas trois fois plus haut!!! Wouuhouuuu!!!» Je ne tiens plus en place et j'hésite entre l'idée de foncer ou de renoncer à l'aventure... Et ça monte. Et ça monte encore. À bord, l'euphorie est à son comble. Les gars sont comme des gamins en foire et ça rigole franc. Dehors, on ne voit plus l'horizon, aussi garde-t-on l'oeil sur l'altimètre qui indique maintenant 9 000, 10 000, 11 000 pieds. De temps en temps, par le hubleau, on voit qu'on traverse un nuage, puis deux, puis un troisième. Puis plus rien. Rien que du bleu. Douze mille pieds d'altitude...
La porte s'ouvre à nouveau. Cette fois-ci pour moi. À cette hauteur, c'est tout un panorama qui s'offre à nous. On constate de visù la rondeur de la Terre, les nuages ne sont plus au-dessus de nos têtes, mais bien en-dessous de nos pieds, l'air est vif, pur, frais et lourd. On est positionnés. J'ai les cheveux dans le visage, le vent est violent et le moteur de l'avion assourdissant.
Alea Jecta Est. Plus moyen de revenir en arrière. Devant nous, c'est parti pour 45 secondes de chute libre et du coup on est des oiseaux. On glisse sur l'air, attirés qu'on est vers cette terre qui est encore beaucoup trop loin pour être inquiétante. De toute façon, à part le trip du moment présent, plus rien n'existe. Rien que cette sensation de légèreté, de vulnérabilité, de contact avec les puissances de la nature, de l'attraction terrestre et de la pression de la descente rapide (200km/heure). Une fois sensibilisée à ces nouvelles sensations, je remarque finalement cet autre sauteur qui filme mon saut et qui finit par me fait rire. Un rire nerveux, au milieu du ciel, mais un rire franchement authentique! C'est génial et je me sens en vie! Jean-Nicolas s'agite derrière moi. Une fraction de seconde s'écoule et le parachute se déploie. Yay! Je rentrerai chez moi ce soir! Cette deuxième partie du saut est douce. Assise dans mon harnais, Jean-Nicolas manipule habilement le parachute qui se met à tournoyer et à osciller de gauche à droite. J'ai l'impression d'être sur une balançoire plantée à 6000 pieds d'haut. Là-dessous, on commence à distinguer les maisons. Au loin, Montréal et de l'autre côté, à perte de vue, les Laurentides. La chaîne de montagne qui m'a vue grandir telle que je ne l'avais jamais regardée. Et puis...à cette altitude, il y a, plus que tout, ce silence... cet immense silence qui n'existe pas ailleurs. Qu'on ne retrouve pas plus bas. Un silence enveloppant, aussi puissant et réconfortant que la vue qui s'offre à moi. L'atterrissage s'est fait en douceur et ce sont de nouvelles sensations qui m'ont assaillies au contact de la pelouse. D'abord un immense soulagement d'être encore en vie, suivi déjà, de la nostalgie des airs. Je suis demeurées quelques secondes sans bouger, sans respirer. Juste à savourer ce qui venait de se passer, comme pour prolonger le saisissement de l'expérience. C'était super chouette! Merci!
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Laurentides, Québec, CANADA ( 450 ) 229-2221 :: Montréal, Québec, CANADA ( 514 ) 543-7820 |