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ICE CREAM
de Jean
Deadwolf Leclerc
MARTINE GUILLEMETTE-MILLEVILLE
mgm@marthiii.com |
CITATION DU MOIS :
Lorsqu'un film a du succès, c'est une affaire. Lorsqu'il n'a pas de succès, c'est de l'art. [ Carlo Ponti ]
Ice Cream n'a pas d'affiche et les photos disponibles pour les médias sont plutôt bof... Alors on a fait ce montage pour illustrer notre texte parce que c'est beau.
«Eh non, je ne ferai plus de rock and rrroll!» s'est exclamé d'entrée de jeu un Jean Leloup que l'on sent toujours un peu comme «pogné» entre l'homme et l'ado, juste avant la projection de son dernier-né. De cette boutade, on y comprenait plutôt quelque chose comme «Eh - oui, - mes - films - vous - emmerdent -, mais - je - m'en - fous, - vous - êtes-couillonnés - avec - moi - en - tant - que - cinéaste - et - by - the - way - allez - donc - vous - faire - foutre» Génial! Nous sommes à la bonne adresse. Bon alors d'accord. Dommage pour le rock and roll, mais d'accord :)
Je me suis donc rendue, le 10 octobre dernier, à la première d'Ice Cream de Jean Deadwolf Leclerc qui avait lieu dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma de Montréal, à l'Ex-Centris. Il y avait là du monde, du monde et encore du monde, si bien que j'ai attrapé un billet au vol juste avant qu'ils ne partent en fumée. Tant pis pour ceux qui étaient juste derrière moi et qui voulaient cinq billets : l'un d'eux aura du se contenter d'une autre journée. J'ai bien failli leur faire un pied de nez. Je me suis retenue.
Il faisait chaud. Il faut dire que le roi ponpon accusait une bonne demi-heure de retard à la projection. Problèmes techniques. Ben oui, pourquoi pas? Baigne-je dans l'étonnement? Que nenni!
Je ne saurais m'étendre sur les moments qui m'ont un peu ennuyée dans ce film. D'autres l'ont fait ailleurs, mieux et bien avant moi. De toute façon la plupart des «vues», je l'avoue, m'ennuient profondément. Je ne suis pas une fana de cinéma, loin de là, et c'est pourquoi j'aimerais plutôt souligner de cette oeuvre son incroyable créativité et sa touchante poésie. J'aimerais mettre en valeur ce qu'il m'a apportée, d'abord parce que je suis une fille positive, ensuite parce que j'aime profondément l'art de Jean Leloup (au diable l'objectivité) et finalement parce que j'ai eu l'occasion, l'été dernier, de discuter avec lui de l'esprit dans lequel Ice Cream a été tourné... de la trame de fond du film, alors qu'il était en plein montage :
«C'est pas un film extraordinaire, léché et plein de trucages. On était une belle gang là-bas, au Vietnam, et pis on a comme passé une couple de mois à tripper avec la caméra. Ça s'arrête là. J'veux dire, le scénario de base était écrit depuis longtemps et l'idée était bien campée, mais j'avoue qu'il n'y avait absolument aucune raison pour que ce film là soit tourné à l'autre bout du monde... Sauf que l'opportunité de le faire là bas s'est présentée, avec le petit budget qu'on avait, alors on a sauté sur l'occasion. Ça faisait longtemps que je voulais visiter cette partie-là du monde et puis le fait d'y tourner un long métrage nous a permis d'entrer en contact avec des gens franchement hallucinants qui ont fait en sorte que le scénario s'est un peu modulé selon le moment présent... au fil des lieux qu'on découvrait et des gens qu'on rencontrait : des jeunes prostituées, des vieux pédophiles... C'était vraiment en-dehors de ce monde comme trip! On était loin de tout! On pouvait faire ce qu'on voulait, comme on voulait! Ça fait qu'on a laissé une large place à l'improvisation, justement pour jouir de cette liberté-là et aussi pour donner une justification au fait que l'action se déroule au Vietnam. Tout le monde a embarqué, c'était vraiment génial!»
À partir de là, on comprend mieux ce qui se passe... Ce qui s'est passé. On regarde le film d'un point de vue plus personnel et on arrive à l'apprécier. On arrive à imaginer comment c'était... «en-dessous». On apprécie l'esprit. Parce que de l'esprit, oui, merci, il y en a. Exit les super scènes panoramiques d'un pays à l'architecture colorée et à la végétation luxuriante : Ice Cream nous plonge carrément dans le quotidien affligeant qui se déroule là-bas, dans le bruit, dans la rue, dans la poussière, dans les drames, dans les noeuds et les dénouements d'une vie ni meilleure ni pire que la nôtre en Occident... un décor sans excès , comme si nous même y étions depuis assez longtemps pour ne plus voir l'extraordinaire exotique. Ice Cream nous fait vivre avec les gens de là-bas simplement, voire banalement. L'extraordinaire, on ne le retrouve donc pas dans le décor, comme dans beaucoup de produits industriels cinématographiques. L'extraordinaire, il flamboie bien davantage dans les personnages du film qui sont drôles, confrontants, immenses et beaux. On l'apprécie notamment dans le personnage #1 de Phong Doan (le comédien en campe deux), alors qu'il incarne un travesti aveugle, blessé physiquement et mentalement, mais toujours en contact avec la sorcière sage et calculatrice qui sommeille en elle. (Ou peut-être en lui?) Un personnage fort coloré qui m'a vaguement rappelée l'éclat groovie du groupe Kiss. Peut-être même limite Twisted Sister. J'ai apprécié... Pas vraiment le fait que le mec soit un travesti, mais peut-être, étrangement, le fait qu'il soit travesti ET vietnamien. C'est drôle, j'ai eu une pensée pour le président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui affirmait dernièrement qu'il n'y avait pas d'homosexuels en Iran. C'est vrai qu'on n'a pas souvent l'occasion de rencontrer des travestis vietnamiens, et surtout pas coiffés d'un tel panache. 'Faut voir et 'faut surtout se rappeler que quand Le Loup faisait son «Rock ande rolleu», il l'avait ce panache. Et pis, ben... on aime toujours.
La grande beauté de l'Asie, ses paysages splendides, on les découvre davantage dans le vidéo de «L'innocence de l'âme» que l'on retrouve dans la trame sonore du film Ice Cream. On peut le visionner à partir du site du roi ponpon, sous la rubrique, «La mygale jaune de Ruiz ». On a là le choix de plusieurs trucs très intéressants à voir et à lire.
AH!? L'HISTOIREUUU?
Euh...
On décrit l'histoire comme étant, entre autres, celle d'un couple qui décide de partir au Vietnam pour faire maigrir leur fils obèse. Mais... je crois que c'est pas tout à fait ça. En fait, je dirais que c'est plutôt l'histoire de deux familles canado-vietnamiennes disfonctionelles qui finissent par mourir dans un bain de sang.
Si on déteste celle qu'on doit détester?
Ouais... On la hait à souhait et on se délecte de la haïr :)
Trouve-t-on belle celle qu'on doit trouver belle?
Tut. Ben. C'est évident.
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