Humaine et polie comme pas une, j'ai accepté, bien sûr ;)

Quelques minutes plus tard, Jonathan m'envoie un mail : « J'aimerais que vous parliez de moi dans votre webzine. Allez visiter mon site web sur lolipop.ca et si c'est un coup de coeur, contactez-moi pour un rendez-vous.»

 

 

 

Impétueux vous dites? Certes! N'empêche que le week-end suivant, je montais dans le Nord, à Val-David, pour rendre visite à mes vieux potes et aussi pour rencontrer celui qu'on qualifie affectueusement de «jeune loup» dans le milieu artistique laurentien.

Trouver l'atelier-boutique Lolipop, à Val-David, est un jeu d'enfant. Quand j'ai demandé à l'artisan de me donner les directions pour y arriver, sa réponse fut fort simple «Je suis sur la rue principale, à l'entrée du village. Tu peux pas me manquer, y'a un gros cube devant l'entrée, avec des boules de verre dedans».

Pas besoin d'adresse, maintenant, vous savez comment vous y rendre aussi bien que moi.

Sur la porte d'entrée, une affiche d'Antoine Gratton «Le problème avec Antoine». J'entame la conversation sur ce sujet. J'aime bien Antoine aussi.

J'installe mon portable, ma caméra, mon bloc-notes pendant que Jonathan répond à une cliente. Une fois seuls, je plonge.

 

 

Jonathan, pourquoi t'as choisi le verre comme matériau de travail?

Mes grands parents avaient une boutique de vitrail en Floride, ma grand-mère était vitraillise. J'ai travaillé là chaque été de 5 ans à 19 ans. J'ai toujours été un gars travaillant et je crois que j'ai de l'ambition. C'est ça qui m'a toujours poussé à avancer, à prendre des risques, à oser...

Et comment t'as pogné le buzz de le souffler, ce verre?

Après cette période-là en Floride, j'ai appris le métier avec un Maître durant 8 ans. Lui et moi deux signes de feu nés le même jour, mais avec 20 années de différence.... C'était une relation «amour/haine» alors on s'est...disons... «quittés», à deux reprises! Lui et moi, on s'admire beaucoup, mais on ne peut tout simplement pas travailler ensemble. Trop semblables, peut-être? N'empêche qu'il m'a tout appris du métier, au niveau technique. Aujourd'huii, je sens qu'il m'appartient d'amener ces apprentissages-là un peu plus loin. D'explorer de nouvelles avenues en matière de soufflage de verre. C'est à ça que je travaille chaque jour.

 

Tu as beaucoup de contacts un peu partout dans le domaine des arts et dans le monde des affaires.
Tu cours les 5 à 7 de réseautage?

Non, pas vraiment !!! Mais j'ai travaillé quelques années à la Galerie d'art Michel Bigué, à Saint-Sauveur. Je sais pas si tu connais, mais c'est un des plus grands galeristes au Canada avec les Klinkoff, Heffe, Lang... Le propriétaire est un homme d'une sensibilité artistique extraordinaire, un mécène et un parrain pour beaucoup d'artistes canadiens et américains depuis plus de trente ans. Une des rares galeries à posséder des Lemieux, Suzor Côté, le Groupe des Sept ou Emily Carr, notamment. Au début, je faisais de tout, j'apprenais, surtout… Et puis un jour, j'ai décidé de rentrer en complet-cravate. Cette journée-là, il y avait un vernissage. Dans ma tête, je suis rentré pour conseiller des oeuvres et c'est ce que j'ai fait d'une certaine façon. On m'a ensuite permis de conseiller certains comptes très prestigieux tel que La Fondation J.Armand Bombardier ou La Power Corporation. Je suis devenu un bon conseiller en art canadien, surtout pour la période 1850-1970. J'ai développé là une addiction «heavy» à l'art, toutes disciplines confondues!!! Je viens justement d'acheter le Art Now 3 de Tashen. Une puissante leçon d'humilité quand tu vois tout ce qui se créé en ce moment dans le monde.

 

Pourquoi t'es parti de chez Michel Bigué?

Je suis allé à l'Université faire un bacc en arts et j'ai ouvert mon atelier, sur le «Plateau laurentien»: Val-David. J'ai été boursier au Conseil des Arts et des Lettres du Québec et à la SODEC. Je me suis équipé et j'ai démarré mon entreprise grâce aussi à l'aide du Conseil Local de Développement de ma région. J'ai exposé un peu partout en Amérique du Nord et deux fois au Japon. Je veux dire, depuis ce temps-là ça fonctionne bien pour moi, je regrette pas mes choix! Aujourd'hui, la marque Lolipop se fraie un chemin dans le coeur des Québécois et même au-delà de chez nous, notamment grâce aux personnalités qui portent mes bijoux : Michaelle Jean, Linda Thalie, Dorianne Fabreg, Ariane Moffat, Yann Perreau, Marco Calliari, Daniel Bélanger et même Gwyneth Paltrow! Et puis tiens, tu connais Mara, tu lui donneras ce bijou de ma part. Antoine a déjà un slide en verre noir pour sa basse, sa blonde aura un collier Lolipop.

 

 

Jonathan emballe le cadeau destiné à Mara dans un petit sac noir satiné fourré d'un papier de soie Fuschia, les couleurs de l'entreprise.

Tu aimes que les artistes portent tes oeuvres?

Oui… En fait, j'ai énormément confiance qu'un jour les artistes, les artisans, les «créatifs», vont s'entraîder. Je trouve que trop souvent, chacun s'enferme dans ses propres projets, tête baissée à besogner à sa petite affaire, sans regarder ce qui se passe autour, sans chercher avec qui on pourrait créer des alliances pour dépasser des barrières en création et faire des trucs géants! Tu sais, je crois qu'un artiste doit créer de quoi de colossal pour laisser sa marque et ça, ça se fait pas tout seul. J'ai beaucoup d'admiration pour la gang d'Andy Warhol qui étaient de véritables machines à créer! Je rêve de cette effervescence au Québec! Je n'aime pas les limites. Je trouve qu'on s'en met trop là où il n'y en a pas.

Le téléphone sonne. Des amis qui l'invitent à prendre un verre au Mouton Noir, le café-bar-spectacles-expo le plus réputé de Val-David. Mara donne justement un spectacle là le 18 avril. On y sera. Jonathan raccroche.

Tes oeuvres, elles se détaillent combien environ, en général?

Je produis un verre extrêmement clair et d'une solidité hallucinante. Une recette à moi. Or comme j'aime démocratiser l'art, il y a des produits Lolipop à tous prix, de 20$ à 15 000$. Vraiment, c'est le cadeau parfait.

LOLIPOP Verre Soufflé :: 450 822 1974 :: www.lolipop.ca :: DownTown Val-David :: ATELIER-GALERIE OUVERT AU PUBLIC

LE SAVIEZ-VOUS?
À la galerie des
Foufounes Électriques,
y'a des expos chaque mois.
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