| archives | : : | Page couverture |:: MONTRÉAL :: LAVAL :: LAURENTIDES :: ABITIBI-TÉMISCAMINGUE :: Québec, Canada : : | VOL I #8 : : novembre 2007 |
THIBAUD
DE CORTA
L'EX «FRÈRES À CH'VAL»
SORT DE L'OMBRE...
UN SOIR SEULEMENT :)
THIBAUD DE CORTA A FONDÉ L'EXCELLENT GROUPE LES FRÈRES À CH'VAL AU DÉBUT DES ANNÉES 90, AVEC SON POTE POLO BELLEMARE, ET IL MONTE AUJOURD'HUI LE WEBZINE MARTHI MAG... AVEC NOUS, EN L'OCCURENCE.
THIBAUD DONNERA UN SPECTACLE LE 30 NOVEMBRE PROCHAIN AU BISTRO DOUBLE DOSE SUR SAINT-DENIS : PASSEZ FAIRE UN TOUR? QUESTION DE VOIR S'IL DOMPTE TOUJOURS AUSSI BIEN LA SCÈNE :)
LA UNE sur la scène
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On n'entend plus beaucoup parler de toi, sur la scène musicale, depuis la glorieuse époque des Frères à ch'val.
À quoi as-tu consacré ton temps?
- À toutes sortes de choses. Je n'ai pas abandonné la musique, c'est impossible. Seulement, j'ai cherché, après cette expérience des Frères, à explorer d'autres styles. Déjà j'aimais bien la chanson française et puis j'avais une culture musicale différente de mon complice d'alors, Polo. Ma mère est pianiste classique et ça influence, c'est sur. Mon père est un grand amateur de Brassens, dont il a tous les disques, édition d'origine. Je vous dis pas l'état, vu qu'on est pas trop collectionneurs et que ça a joué en masse. Ma soeur a contribué, avec les Barbara, Moustaki et autres désoeuvrés de l'âme. Sinon, je dois ma culture rock en grande partie à mon frère le plus proche en âge. Par lui, je découvrais Hendrix, Joplin, Morrison et d'autres T-Rex . J'en avais un peu peur, mais c'était vivant (?), plein de lumières et de sons inconnus, mais accrocheurs (Deep Purple, Chicago, Pink Floyd et tout ça). Et puis les filles, bien sur, qui gravitaient autour de cet univers.
Donc, après les Frères, j'ai essayé de me rappeler qui j'étais et d'être moi même. Le truc, c'est que je ne pense absolument pas en terme de business et moi, je suis un éclaté total. Par exemple, j'aurais pu faire de la «tune» avec les shows hommage à Gainsbourg, parce que ça devenait à la mode, sauf que moi, à la longue, je devenais déprimé de chanter ces textes sommes toutes assez tristes et sombres, et donc j'ai arrêté. J'en chante encore à l'occasion- parce que c'est géant, pathétique et surtout incontournable, mais sans obligation. Je ne fais plus de spectacle hommage, mais j'aime le chanter.
Depuis dix ans, j'ai écrit une cinquantaine de tounes qui n'en sont pas toutes au même stade, mais ça s'en vient. Faut juste consolider le tout avec d'autres musiciens (avant ma mort, je l'jure!). Pour ça, va falloir que j'ouvre les livres et que je sorte de ma tannière ...
Comment définis-tu la musique, la peinture et la bande dessinée dans le monde, puis au Québec?
- honnêtement, je suis dépassé par tant de bon matériel. En général, la barre est assez haute. Ceci dit, évidemment, il n'y a plus vraiment d'esprit d'ensemble. Donc, je ne sais pas quoi répondre. C'est trop vaste. Je vois quand même que point de vue bande dessinée, le niveau s'est considérablement amélioré au point d'être de calibre international. Remarque que c'est pas d'aujourd'hui que le talent est là. Mais le fait d'avoir des supports tels que Croc, ou Drawn and Quaterly, ou encore Safarir , permet à des talents de se développer. Pour la musique, mon sentiment c'est que cette industrie, dont les règles n'ont pas cent ans, paye pour son arrogance. Bien sur qu'on a besoin de tous les intervenants qui la composent, mais là, on assiste à un conflit de gros sous pour des questions de plastiques et de mp3. Pas pour la musique, pour sa gestion basée sur des valeurs archaïques, érigées en symboles absolus et ce qu'on voit, c'est un jeu de chaises musicales entre gros bonnets bouffis qui ont peur de perdre leur chalet à Tremblant. Quand à la peinture, je crois qu'elle est perdue dans le brouhara des images qui nous tombent dessus tous les jours, partout. Donc, encore une histoire de gros sous. Fait pas bon être poète aujourd'hui.
Le personnage le plus populaire de Thibaud, Mr Chien, est aujourd'hui devenu la mascotte de Marthi mag. À noter que Mr Chien a aussi connu le magazine ICI Montréal et le fanzine Iceberg, fondé par Thibaud dans les années 80.
Fait intéressant, on ne sait pas si Monsieur Chien n'aurait pas quelque chose à voir avec Jeff Chien, l'un des artisans du logiciel de dessin Photoshop?
Ou peut-être a-t-on trop d'imagination!
Comment te définis-tu, toi, par rapport à la musique à la peinture et à la BD?
- Bof, je sais pas trop. Pour moi, tout ça ce n'est qu'un éventail de possibilité pour dire quelque chose. Je cherche à me retrouver au travers de ces expressions. C'est pas une fin en soi. Bien sur, il y a le goût de plaire, de séduire, mais c'est aussi valable pour moi. Faut que ça me plaise avant de plaire aux autres. Mon identité ne repose pas sur le fait que je dessine ou que je chante, ni même que j'écrive. Mon identité réside dans ce que je ne connais pas de moi, ce qui reste à venir, dans cet espoir de quelque chose de mieux, de meilleur. Mais ça se peut que ça soit noir et ombrageux. Dans la recherche, il n'y a aucune certitude, mais en général, dans la vie, c'est comme ça.
Tout poète que tu es, que penses-tu de l'état de la langue française dans le Monde?
- Pour moi la langue est un vecteur, pas une fin. Dans mon "monde" à moi, le français se porte assez bien. Au niveau mondial? Qu'est-ce que j'en sais? Une langue vit tant qu'on a du plaisir à s'en servir parce qu'elle résonne dans notre réalité. Elle s'y incarne. Je ne crains pas pour le français qui de toute façon va mourir un jour en tant que langue vivante, comme le latin, sauf qu'elle rayonnera à jamais comme une des grandes cultures de l'humanité... Voilà ce qui compte et en même temps, c'est absurde, parce que ça dit que la culture morte est la base de notre culture actuelle. Je veux dire que tu peux toujours regarder l'église, ça ne t' en montrera pas l'architecte pour autant. Or, ultimement, c'est lui qui nous intéresse. Comme disait Lennon, «la vie c'est ce qui passe pendant qu'on est occupé à faire autre chose... »
Au Québec, il se passe des trucs biens. C'est pas toujours dans les spotlights ni super reluisant, mais c'est là, ça vit.
Qu'est-ce qui te branche en général?
- Beaucoup de choses. J'ai des plaisirs simples. Une bonne série télé, faire du vélo, une discussion avec un ami, les humains pas trop cons. J'aime ce qui éblouit tout en étant léger. J'aime les esprits facétieux. J'aime les actes désintéressés et ceux qui persévèrent dans cette voie. Plus précisément? J'aime aimer ce que je veux qui me plaise, en phase avec ma mémoire et l'autre partie incontrôlable qu'on appelle le subconscient. Ce qui me branche, c'est la vie, maintenant. Le reste, j'essaie de garder le niveau face à ma conscience.
À quoi peut-on s’attendre de ton spectacle
du 30 novembre prochain?
- Ben je vais venir avec ma guitare et je vais chanter un peu de tout, mais je sais pas encore. Je laisse une place à l'imprévu, au moment. Quand j'étais dans les Frères, à la fin j'avais l'impression d'être un mercenaire interchangeable qui s'en va en mission. Je ne veux plus ça. Et puis j'apprends à habiter ma propre chambre sonore et à lui faire confiance. Qui sait ce qu'il va se passer ce soir là? J'ai envie que ce que je joue soit en phase avec un laps de temps indéfini mais incarné. Une petite salle de spectacle, par exemple. Écouter la place qui va m'accueillir pour m'en nourrir instantanément et le redonner. Vous ai- je déjà dit ma passion pour les vaches? Plus sérieusement, je vais essayer de laisser glisser ma mémoire dans les notes. La musique est plus forte que moi, je ne suis que son humble vassal, ébloui par tant de dimensions. C'est sur que je vais chanter des trucs auxquels on s'attend de moi, mais est- ce bien certain?
Que vas-tu faire après avoir répondu à mes questions?