Les gras font fortune
Les criminels alimentaires existent !
Trois. C’est le nombre d’heures par semaine que je passe à l’épicerie. Non pas que j’y vais les jours de pointe, non plus que j’ai une énorme famille ou une garderie. Non. Je veux simplement bien m’alimenter et aujourd’hui, bien s’alimenter ne se limite pas à restreindre les escapades au restaurant ou à faire soi-même ses repas.
« Prendre conscience que l’industrie alimentaire ne poursuit pas les mêmes objectifs que le consommateur » |
Aujourd’hui, il faut plus pour avoir un esprit sain dans un corps sain. Je ne suis pas végétarienne, je ne fais pas germer mes graines de luzerne sur le comptoir et je n’élève pas les poulets que je mange pour m’assurer de leur provenance et de leur élevage respectueux – quoique j’y pense de plus en plus – je ne mange pas que du bio, sans pesticides et sans OGM. Non. Bien m’alimenter veut aussi dire, prendre le temps de lire l’étiquette sur les boîtes et les contenants de ce que j’ai besoin à l’épicerie et à la pharmacie.
C’est parfois long et laborieux, mais en un sens moins long et laborieux qu’un traitement contre toute les maladies sournoises d’origines alimentaires que je devrai subir parce que j’ai ingéré de tout sauf ce que mon corps avait besoin. Trois heures par semaine ce n’est pas si pire. Et si vous saviez tout ce que j’apprends.
L’idée n’est pas tellement d’être vert, grano, enviro, bio ou de faire tendance. L’idée, c’est de prendre conscience que l’industrie alimentaire ne poursuit pas les mêmes objectifs que le consommateur. L’idée c’est de faire appel au bon sens, de se nourrir du meilleur, et d’ouvrir l’œil. Nos enfants sont, semble-t-il, de plus en plus allergiques, hyperactifs, maussades et obèses. Nos parents, nos amis souffrent de plus en plus de maladies du cœur et de diabète. Rien de nouveau, nous le savons, le vivons, le déplorons. Mais quand on met le doigt sur une des causes de tous ses nouveaux fléaux, nous comprenons mieux l’influence environnemental sur l’être humain. Nous comprenons mieux aussi l’importance de savoir de quoi est fait ce que nous mangeons en toute innocence. D’où ma lecture hebdomadaire de boîtes et autres contenants susceptibles de meubler mon garde-manger.
Le premier de mes ennemis que j’ai identifié est l’huile végétale partiellement hydrogénée connue aussi sous le nom de gras trans. Impossible de ne pas voir le « Sans gras trans » maintenant à l’épicerie. J’ai congédié cet ingrédient. Un meurtrier comme le souligne Judith Shaw dans son livre Les gras trans(géniques) : ces meurtriers cachés dans nos aliments. Elle y explique pourquoi cette huile artificielle est apparue dans nos aliments ; son procédé de fabrication (elle n’a rien de naturel, c’est une invention de l’homme); quel est son rôle dans l’industrie alimentaire ; pourquoi la vérité et la réglementation (aux Etats-Unis) ne sont parvenues qu’en 2006 ; comment dépister toutes les formes de cet ingrédient meurtrier et comment l’éviter. Un chapitre est consacré aussi à l’art de décortiquer une liste d’ingrédients et un tableau de valeur nutritive, talent essentiel à l’art de bien manger.
« Les AGT [acide gras transgéniques], acides gras que l’homme ne peut métaboliser mais qui sont fabriqués en quantités énormes à travers le monde, ne servent que des intérêts commerciaux » conclut l’auteure Judith Shaw.
Trois heures à l’épicerie pour déjouer les intérêts commerciaux… un jeu passionnant !
Judith Shaw. Les gras trans(géniques) : ces meurtriers cachés dans nos aliments
Éditions le mieux-être, 2007, 205 p.
L’été est bel et bien là. Le solstice a eu lieu et les feux de la Saint-Jean ont pété et brillé à souhait. À ce temps-ci de l’année, les journaux et magazines littéraires y vont de leurs suggestions de lecture estivale. Va pour le Polar. Kathy Reichs, Mary Higgins Clark et Michael Connelly sont toujours partis en vacances avec les usagers de la bibliothèque durant l’été, que ce soit une nouveauté ou non. Impossible de mettre la main dessus. La « vraie » lecture d’été est souvent celle qualifiée de « légère ». Mais c’est quoi une lecture légère? Peu de pages? Peu d’intrigues? Pas trop casse-pieds? Drôle? Les réponses sont aussi nombreuses que le nombre de suggestions de lecture.
Pour ma part, mes lectures d’étés ne sont pas différentes de celles des trois autres saisons. Je me sens toujours aussi divisée devant l’abondance du choix. Moins de nouveautés font leur sortie alors pour certains, l’été est le bon temps pour faire diminuer la liste d’attente. Pour d’autres, c’est le temps de fouiller et de fouiner dans les ventes de garage, les librairies de livres usagés ou encore, l’occasion de bouquiner aux Bouquinistes du Saint-Laurent (du 22 juin au 16 juillet dans le Vieux Port de Montréal) afin de dénicher un livre épuisé ou ce livre qui a bercé notre enfance. Un livre perdu et retrouvé. Comme ce livre des Aventures de Peter Pan format grand roman qui avait illuminé les matins de mes 9 ans, que j’avais vendu, adolescente, au Colisée du livre à Montréal et pour lequel, prise de violents regrets, j’accouru quelques jours plus tard pour le racheter au Colisée du livre. Un livre vendu et racheter.
Alors que lirez-vous cet été au bout du quai,
dans le hamac, sur la route, à la pause,
en lunchant seul
(les collègues de travail sont en vacances)
ou au fond de la chaloupe à la dérive?
Écrivez-nous! marthi_mag@marthiii.com
J’en profite pour ne pas faire de suggestions de lecture – j’attends les vôtres, j’en ferai une anthologie le prochain mois – mais plutôt pour vous suggérer une découverte sur la vie littéraire laurentienne. Cette découverte porte le nom de Association des auteurs des Laurentides (AAL). Un organisme fort intéressant pour tout ce qui concerne le livre et la lecture dans les Laurentides et même au-delà tant les membres sont dynamiques. L’AAL est un réseau de plus de 90 écrivains et d’une quinzaine de partenaires résidant et oeuvrant dans les Laurentides. Pauline Vincent, romancière et tout juste élue membre du conseil d’administration du Conseil de la culture des Laurentides, véritable amoureuse de la littérature tant au niveau provincial que régionale, en est la fondatrice et la présidente.
L'ASSOCIATION DES AUTEURS DES LAURENTIDES
Un organisme fort intéressant pour tout
ce qui concerne le livre et la lecture
dans les Laurentides et même au-delà
tant les membres sont dynamiques
De Rosemère à Mont-Laurier et de Terrebonne à Oka, l’AAL stimule le paysage littéraire en produisant des événements tels que la Nuit laurentienne de la Poésie qui a lieu au printemps – cette année l’association rendait hommage à Gaston Miron, originaire de Sainte-Agathe, soulignant le 10e anniversaire de son décès, en présence d’Hélène Dorion, poète laurentienne récipiendaire du prestigieux Prix de l’Académie Mallarmé en 2006, les Dépouillements d’arbres de livres (en décembre) ayant distribués plus de 2000 livres à plus de 2000 enfants en trois ans et, autre événement important et rendez-vous incontournable depuis trois ans, le 5 à 7 de la rentrée littéraire, qui a lieu en début d’automne.
En 2006, l’AAL fêtait son cinquième anniversaire, inaugurant du même coup son nouveau site Internet. Nouvelles, communiqués, lancements de livre, spectacles et événements sont annoncés régulièrement sur le site. Aussi, une maison des écrivains des Laurentides est en plein bouillonnement. On l’espère et on y travaille pour l’édifier dans un proche avenir.
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Romanciers, poètes, scénaristes, auteurs jeunesse et conteurs en font partie. Ainsi regrouper, ils peuvent mieux se faire connaître, mieux promouvoir leur création et surtout ils peuvent participer à toutes sortes d’activités leur permettant d’exploiter la richesse de la création littéraire, du spectacle et de la lecture. L’AAL n’est pas seulement bénéfique aux auteurs mais aussi aux lecteurs.
Un nouvel événement fait son entrée cette année dans le calendrier des activités de l’AAL. La Grande Parlotte des Pays-d’en Haut se déroulera le samedi 4 août prochain à Sainte-Adèle de 16h30 à minuit. Des conteurs professionnels des Laurentides dont Yvon Boutin, Isabelle Crépeau, Josée Ouellette, André Morin, Anne-Marie Kelly, Ève Doyon et Nicole Filiatrault participeront à cette « fête des mots et de l’imaginaire […] explorant le thème des Laurentides ».
Six heures de contes pour tous
à l’intérieur et à l’extérieur,
à la lueur du jour ou sous les étoiles
Quatre événements ponctueront la journée de façon à faire de cette première Grande Parlotte un divertissement pour toute la famille. Un spectacle de Contes pour enfants en fin de journée donnera le coup d’envoi, suivi de Contes pour gourmands et gourmets dans sept restaurants de Sainte-Adèle. De 20h00 à 21h30, Contes sous les étoiles rassemblera tous les conteurs pour clôturer la fête. Enfin, musique jazz et peinture en direct prendront le relais pour terminer cette journée au Parc de la Famille toujours à Sainte-Adèle. Six heures de contes pour tous à l’intérieur et à l’extérieur, à la lueur du jour ou sous les étoiles. De quoi bien terminer ou commencer des vacances. Faites la parlotte, parlez-en autour de vous.
NOTA BENE
J’ai rencontré
Jean-François Beauchemin pour jasotter de l’adaptation cinématographique prochaine (long métrage d’animation) de son roman Le jour des corneilles (Prix France-Québec 2005) une co-production franco-québécoise avec la société française Finalement et réalisé Serge Elissalde. La sortie est prévue pour 2010.
J’ai appris
Que les monarques sont toxiques. Leur couleur vive rappelle aux prédateurs potentiels la haute toxicité que cache la beauté et le vol gracieux de ces papillons majestueux qu’on s’évertue à attirer avec les monardes et autres fleurs à papillon. Regarde-les, effleurez-les, mais n’en farcissez pas vos boutons de fleurs de zucchinis qui eux sont délicieux à cuisiner.
Je lis aussi
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Claude Jasmin. Les chinoiseries
VLB Éditeur, 2007, 258 p.
Claude Jasmin découvre une boîte remplie de lettres que son oncle, missionnaire en Chine, envoyait à son père lorsqu’il était jeune. Se remémorant cette époque lointaine, il nous raconte sa jeunesse en tramways en route vers le port pour une partie de pêche pendant que son père magasinait les chinoiseries pour remplir son magasin, Épices, Thés, Cafés et chinoiseries, dans le quartier Villeray. Ces images s’enchevêtrent avec le souffle coupé de ce jeune gamin devenu vieillard qui a peine à se voir dépérir. L’auteur nous offre aussi les lettres de l’oncle nous décrivant la Chine des années 30 et 40.
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Edwards, G.B. Sarnia
Éditions Points, 2006, 634 p.
C’est en rendant visite à un couple d’amis libraires ayant pignon sur l’Île d’Orléans (Librairie Note à la page), que mon œil fut inexorablement attiré vers ce livre. D’abord le phare sur la couverture me fit signe puis, le résumé et les citations inscrits en 4e de couverture m’achevèrent. J’ai pris et j’ai payé avant d’aller siroter, avec mon bûcheron sucré, un porto au cassis sous l’érable qui fait figure de roi dans la cour du couple libraire, juchée sur une falaise longeant le Fleuve Saint-Laurent.
Sarnia, nom latin de Guernesey, c’est l’île britannique où le paysan pêcheur, Ebenezer Le Page et narrateur, a vécu toute sa vie. Il y raconte sa vie aux odeurs de mer et aux vagues à l’âme. De 1880 à 1960, les gens de cette île – presque tous cousins ou cousins des cousins de Le Page – sont mis en scène pour le bonheur du lecteur. Mon bonheur qui, page après page me transporte dans cet autre lieu, autre temps et, autre écriture qui me sort de cette littérature contemporaine parfois trop sucrée. « C’est l’histoire de rapports d’amitié, d’indifférence, d’amour ou de détestation qui constitue en fait le tissu, ramifié et complexe de sa narration. Comme il n’existe pas deux humains qui se ressemblent et que chacun en suivant sa route coupe la route de beaucoup d’autres, comme d’autre part Ebenezer a l’œil vif et le jugement acéré, nous voici plongés dans un assez joli microcosme d’humanité grouillant et coloré » écrit l’éditeur Maurice Nadeau dans la première édition française parue en 1982.
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Pete Nelson. Un monde de cabanes dans les arbres
Éd. Aubanel, 2007, 223 p.
Il en a fait son métier. Un des spécialistes de l’architecture et de la construction de cabanes dans les arbres. Pete Nelson construit des rêves d’enfants pour jeunes et adultes. Le refuge de bois perché dans les bois est une douceur que chacun aimerait posséder. S’offrir un lieu bien à soi ou en faire un gîte chaleureux pour des amis ou parents en visite. Une cabane dans un arbre ça nous paraît parfois sortie tout droit d’une histoire de fées et de lutins remplie d’aventures abracadabrantes. Pete Nelson aime imaginer, à l’aide de ses clients, des cabanes sorties tout droit de cette imagination qui nous suit depuis notre enfance. Il nous présente dans ce livre, le détail de plus de 35 cabanes réalisées à travers le monde.
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DE CHEZ NOUS ET PAR CHEZ NOUS
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Suite de Les enfants Beaudet publié en 2001, Rose la Pie est un court roman familial se déroulant à Rouyn-Noranda, en Abitibi, dont la trame s’aiguise sur des queues de rats.
Quand la jeune Lucie est retrouvée assassinée, ce sont les enfants Beaudet qu’on accuse d’homicide. Famille dysfonctionnelle, écartelée, les enfants des Beaudet vivent un cauchemar ficelé par la grande sœur Rose. « Quand on sait que les mots, parfois, sont l’affaire de toute une vie, il vaut mieux prendre le temps de les choisir, ou se taire. Faire une pie de soi n’est jamais bien vu. Rose Beaudet, dix ans, l’a compris ».
Isabel Vaillancourt. Rose la pie
Éd. Vents d’Ouest, coll. Azimuts, 2007, 130 p.
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Il nous a quitté le 18 juin dernier, à son grand regret et au nôtre aussi. Le cancer du colon diagnostiqué trop tardivement l’arrachera à la vie: « ne comptez pas sur moi pour écrire le mot fin » sont les derniers mots de son autobiographie tout juste publié en avril dernier. Georges Thurston, mieux connu sous le qualitatif de Boule noire, aimait la vie. Il le répète inlassablement tout au long de son récit dans lequel il nous raconte son parcours unique.
Une jeunesse « barouettée » de foyer d’accueil en foyer d’accueil, il est la preuve que la musique sauve bien des âmes : « La musique m’a sauvé. Elle m’a tiré des sables mouvants dans lesquels je m’enlisais et m’a donné des ailes ». Un dernier hommage lui a été rendu à Saint-Jérôme, ville qui l’a vu grandir. Aimes-tu la vie comme lui?
Georges Thurston. Aimes-tu la vie?
Éditions La semaine, 2007, 168 p.
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